Cette nuit, nous avons guetté le ciel car l’indice kp (mesure magnétique) était très haut pour les aurores boréales mais il fait vraiment trop jour pour les voir, impossible avec toute cette lumière ! On se réveille donc et faisons un tour au centre-ville. c’est assez étrange, ils sont en plein de travaux pour déplacer tout le centre ville, ça fait un peu ville fantôme.
On se met ensuite en route pour s’enfoncer plus profondément dans les terres suédoises, et croisons sur notre route Jukkasjärvi, là où nous avions dormi dans l’hôtel de glace en 2018! Nous décidons de faire un petit crochet et arrivons dans cet endroit improbable. C’est aussi très beau en été, et on se rend compte qu’ils gardent une partie de l’hôtel de glace ouvert. Bonjour l’écologie, mais toujours aussi impressionnant.
Après cet arrêt, on reprend notre route à travers forêt. Ici la nature a de l’avance, certains arbres ont déjà leurs feuilles jaunes, et certains les perdent même déjà !
On arrive alors à Kangos, un petit village à 150km du cercle polaire perdu au milieu de nulle part (vraiment nulle part), et roulant encore 15’ en s’enfonçant dans les bois jusqu’à arriver à un endroit improbablissime: le pinetree lodge. C’est un regroupement de quelques cabanes et un bâtiment principal qui est un hôtel, avec plein d’enclos pour chiens (20x plus de chiens que d’humains!), au bord d’un lac. On va donc passer deux jours dans cet endroit idyllique et reculé où l’on peut faire plein d’activités; marche, kayak, vélo, voir les chiens, faire du feu, etc.
Ne sachant pas par quoi commencer et voyant que par contre ils ne servent que des pizzas et des burgers, on se met en tête de faire notre soirée à 3km de là dans le « campement sauvage » et partons en quête de nourriture. Nous roulons donc les 15 minutes en sens inverse jusqu’au seul magazin et trouvons des saucisses, des maïs et du saumon. Mais désespoir: rupture de stock des marshmallows ! Face a mon air de chien battu Patrick consent à rouler 10’ de plus pour le magasin suivant. Arrive la bas le verdict tombe: pénurie de marshmallows en Suède ! Je vous jure ça ne s’invente pas, le monsieur du magazin me montre sur sa machine qu’il ne peut pas les commander, au mieux il sera livré vendredi. Vendredi! Un feu de camp sans marshmallow. Inimaginable. Je vais donc étudier l’étagère de bonbons, car ça il y en a dans chaque magazin, et découvre les « sockerbitar ». Le monsieur de magazin, qui me trouve soit très drôle soit complètement timbrée, vole à mon secours en m’expliquant que c’est un peu plus dur et qu’il n’est pas sûr que ça fonctionne, et me propose de goûter (trop gentil). Franchement ça fera l’affaire. Notre soirée est sauvée !
On se met donc en route à vélo avec nos provisions sur le dos pour le campement qui est à 3km du lodge. Au bout d’un kil, ma chaîne de vélo lâche. Oups. Bon on continue à pied, seuls au monde sur un chemin au milieu des arbres ou des lacs apparaissent par-ci par-là. C’est magnifique.
On arrive alors dans un petit coin avec une tente qui abrite des lits de camp et un kota qui permet de faire du feu à l’intérieur, ainsi qu’une place de feu externe. Ce qui frappe le plus c’est le silence absolu de cet endroit, il n’y a vraiment pas un son (on a encore des acouphènes des mouettes norvégiennes pourtant). Nous ramassons du petit bois, nous servons dans les bûches de l’abri puis faisons le feu, en trinquant avec un cidre norvégien acheté il y a quelques jours. Nous préparons ensuite les légumes (poivrons et maïs), le saumon et les saucisses, heureusement que nous avons un couteau suisse (oui Pierre celui-ci est passé mais en soute pas en bagage main 😂)! Patrick a l’air d’avoir fait ça toute sa vie, alors que j’essaie maladroitement de retourner les choses sur le feu sans tout perdre dans la grille. Bilan: un poivron n’a pas survécu mais le reste est succulent !
Un autre constat s’impose: les faux marshmallows sont un échec cuisant. Ça ne se ramollit pas. Mis à par ça, on est vraiment trop content de cette soirée seuls au coin de du feu. Jusqu’à ce que les moustiques s’invitent à notre table. Nous sommes très inégaux dans l’adversité: Patrick est en pantalon et pull à capuche et moi en short t-shirt et ils ne me touchent pas. Pourtant nous avons lu qu’ils préfèrent le sang de rhésus O, donc comme moi, et des femmes. Visiblement Patrick a un p’tit truc en plus. Le soleil se couche et nous rebroussons chemin, en nous questionnant sur la probabilité de se faire dévorer par un ours. Admettons qu’on n’est pas complètement serein.
On arrive finalement au lodge où nous buvons un verre à la terrasse du restaurant dans un calme seulement interrompu par les aboiements des chiens, en face d’un lac calme comme un miroir, et apprenons du bareman que la probabilité de voir un ours est vraiment moindre. Nous voilà rassurés. Ils nous dit qu’en revanche nous aurions pu voir élans et rennes, mais ils n’ont pas été au rendez-vous de notre expédition. Je pense que c’est un complot et qu’ils se réunissent en secret, avec tout le stock de marshmallows de Suède.
Résumé en vidéo
Klåm
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